Qu’est ce qu’un être humain? Qu’est-ce qu’être humain ? Voici les deux questions qui façonnent les civilisations du monde depuis la nuit des temps. Des réponses à ces questions naît le rapport que nous entretenons avec la société et le monde. L’éducation est la base de tout cela. Après avoir lu cet article, la conviction que la philosophie africaine Ubuntu est un socle civilisationnel incomparable ne vous quittera plus !

Ubuntu, la philosophie humaniste

Ubuntu dans la plupart des langues d’Afrique sub-saharienne traduit l’essence même de l’existence en tant qu’être humain. C’est la capacité d’être et donc, en tant qu’Umuntu (le singulier d’Abantu = humains), d’être humain. Généralement, cela se traduit par : « je suis parce que les autres existent ». C’est donc la capacité de reconnaître en l’autre la même nature que la sienne. « Tu es un être humain comme moi. Ensemble, nous formons l’humanité. »

Le refus de l’humanité, fondement du système d’oppression

Or, c’est précisément le refus de reconnaître aux autres la même humanité que la sienne, qui est à l’origine de toutes les formes de discrimination et d’inégalités. Quand quelqu’un est discriminé, il se voit refuser des droits fondamentaux comme ceux définis par la plus ancienne déclaration universelle du droit à l’humanité qui est africaine. Les Occidentaux ont dû nier l’humanité des peuples obscurs du monde pour les réduire en esclavage et/ou les exterminer. Il y eut des débats sur la question de l’humanité des Amérindiens (à Valladolid en 1550/1551 par exemple) et des noirs d’Afrique durant la période des razzias et de la traite, par ceux-là même qui prétendaient représenter les « Lumières » et le progrès. On se souvient aussi du génocide au Rwanda et du processus de déshumanisation des Tutsi à travers la dictature ethnique.

Exemple plus proche du quotidien : le cas des personnes handicapées. Il est généralement admis qu’un humain a deux jambes, deux bras, deux oreilles, deux yeux, un nez de deux narines, une bouche de deux lèvres…etc si quelqu’un venait à ne pas correspondre à ces critères, on le considérerait comme « handicapé » ou « anormal ». De même pour les capacités intellectuelles. Ainsi, certaines sociétés et certains peuples peuvent ne pas les considérer comme pleinement humains et donc se permettre de les priver de leurs droits fondamentaux (santé, éducation, intégrité physique et morale…etc).

La communauté, facteur d’Ubuntu

En déclarant « Je suis parce que nous sommes », la philosophie d’Ubuntu reconnaît non seulement la diversité mais surtout la complémentarité de l’humanité. C’est une base solide pour construire une société d’équité, de solidarité, de fraternité et de promotion de l’excellence collective.

En Afrique, on a l’habitude de dire qu’il faut tout un village pour éduquer un enfant. L’individu n’appartient pas seulement à ses parents, mais à la communauté. Cela vous permet de désindividualiser votre identité. L’enfant existe littéralement parce qu’il appartient à un groupe plus large. Les décisions sont prises collectivement, les responsabilités sont collectives et le destin commun. Cela permet à l’individualité de s’épanouir dans la communauté et à la communauté d’investir dans les individus. C’est un cercle vertueux.

Si nous éduquons nos enfants dans ce paradigme, comme l’ont été des générations de nos ancêtres, nous pourrions retrouver notre essence d’humain, et sortir du paradigme qui nie notre humanité.